CONSTRUIRE ADDIS ABEBA

Addis Abeba 2017.
Que restera-t-il de toute cette poussière soulevée, de ces innombrables constructions en béton fleurissant au centre-ville et en périphérie d’Addis Abeba ?
Répondent-elles à cette forte croissance démographique spécifique à l’Ethiopie, associée à la migration de grande ampleur vers les villes ? Ou à d’autres ambitions, comme donner à Addis Abeba les atouts d’une métropole compétitive à l’échelle internationale ?
Cette densification du tissu urbain s’opère depuis quelques années alors qu’une grande partie de la population vit encore en dessous du seuil de pauvreté. Ce fut pour moi un contraste saisissant lorsqu’en 2016 je suis venu vivre à Addis Abeba, que j’avais visitée dix ans auparavant.
Témoin de cette transformation, j’ai voulu aller à la rencontre des ouvriers : sur les nombreux chantiers du centre-ville, avec ses nouveaux immeubles remplaçant les bidonvilles ou les anciennes maisons individuelles ; en périphérie où l’on construit des lotissements de logement de masse ; et enfin sur les futures infrastructures routières venant compléter la nouvelle géométrie urbaine générée par le tramway.
A travers cette série de portraits réalisée in-situ au Rolleiflex, capturant la force de leur regard posé sur l’objectif et avec leur vêtements portant l’empreinte de leur souffrance, je souhaite rendre hommage à ces ouvriers venant de zones rurales encore plus pauvres qui travaillent dans des conditions pénibles et dangereuses. Ces jeunes gens, une fois abimés par leur métier, seront très vite remplacés et oubliés.