Portraits au Leica - Bangkok 2012/2013

A Bangkok, les travailleurs dans le bâtiment ont très vite attiré mon regard, avec leur allure de jeunes loups, non pas habillés d'un classique bleu de travail mais de baskets à la mode, de jeans « slim » ou de t-shirts usés mais surtout portant une cagoule sur leur visage pour les protéger du soleil (en Asie, il faut garder le teint clair pour ne pas être assimilé au pauvre paysan qui travaille dans les champs).

Voulant éviter la photographie documentaire, il me fallait les soustraire de leur environnement de travail. J’ai donc utilisé pour les prises de vue un drap blanc en arrière plan.

Une série de portrait prenait forme mais il manquait encore quelque chose qui pouvait réunir ces personnages dans une série encore plus conceptuelle.

C’est à cet instant que les gigantesques photographies du roi de Thaïlande le représentant avec un appareil photographique autour du cou sur les murs de Bangkok m’ont donné l’idée de faire poser mes travailleurs non pas avec un appareil photographique quelconque mais un Leica, l’outil mythique de certains grands reporters.

Enfin je leur ai demandé de garder le visage masqué, leur donnant ainsi un anonymat intriguant. Qui sont il ? Des journalistes, des photographes scientifiques, des révolutionnaires, des terroristes ?

Entre 2012 et 2013 j’ai parcouru seul plus de 1000 kilomètres en Vespa dans Bangkok pour capturer ces portraits. Les prises de vue avaient lieu dans la rue aux abords des chantiers de construction.

J’avais toujours dans mon sac un petit tirage de la série. Il me permettait d’expliquer mon projet à ces ouvriers pour la plupart d’origine Cambodgienne ou Isaan (nord est de la Thaïlande). Nous n’avions que quelques mots en commun pour essayer de nous comprendre. On m’a souvent demandé si je cherchais à retrouver cette personne représentée sur cette photographie.