Syrie et Liban - 2009

8/05/09
Arrivé sur Damas en début de soirée. Rencontre avec un américain vivant en Syrie depuis 6 mois pour écrire un livre sur les difficultés pour apprendre l’Arabe.
9/05/09
De nombreux touristes déambulent dans la vieille ville. Les souks ont peu d’intérêt. La mosquée des Omeyyades est splendide. C’est ici qu’un jeune syrien me donne mon premier cours d’arabe. Je pars ensuite à la recherche de quartiers plus authentiques. Après une longue balade, j’atterris au souk Al Hal. Il s’agit du marché au gros de Damas qui centralise et distribue toute sorte de denrées alimentaires pour les commerçants du pays. Surpris de voir un étranger parmi eux, les gens sont très excités. Ils m’offrent des fruits mais aussi des légumes. Un homme me prend par la main et me fait visiter les différents étalages. Mes quelques mots d’arabes sont précieux. Plus loin, un jeune garçon me conseille de découvrir le quartier de Cheikh Mouhiddin sur les hauteurs de Damas.
10/05/09
Tôt le matin, je traverse à pied la ville moderne pour rejoindre ce quartier. L’atmosphère des ruelles en pentes et du souk est bien différente du reste de la ville. On se croirait dans un village. Quelques discussions de passage avec les commerçants. Je passe un bon moment assis sur un petit tabouret chez un boulanger. Les enfants, un peu surpris, me donne la pièce et prennent des croissants ou des pizzas. Un minibus me conduit au plus haut de ce quartier. Je rencontre un coiffeur qui m’invite à prendre le café dans la maison qu’il partage avec sa mère. Son père vit avec son autre femme. Sur la terrasse, une vue imprenable sur la ville. Il me montre des photographies de son service militaire ainsi que des images de vacances à Lattakié. Je redescends en début de soirée vers la place des martyrs, dans un étrange restaurant réservé aux hommes où chacun mange un demi poulet face à un mur, assis comme dans un bar.
11/05/09
Un bédouin que je viens de photographier m’invite à prendre à prendre place près de lui sur la terrasse d’un café. Il vient de Deir El Zor. Nous buvons un thé qu’il m’offre. Dans une rue, j’aperçois un ouvrier assis sur le bord d’une fenêtre d’un Caravansérail en rénovation. Il observe tranquillement la rue. Nos regards se croisent et je lui fais signe de la main pour visiter le lieu. A cette même fenêtre, nous buvons du thé, fumons des cigarettes et échangeons quelques mots. Je retourne ensuite à ‘hôtel et après une courte sieste, je décide de partir pour Palmyre. Dans le bus je fais connaissance avec deux jeunes archéologues italiennes. Le soir, dans la ville, je m’assois à tous les coins de rue pour boire du thé et discuter avec locaux. L’ambiance est décontractée. On me donne une page de calendrier m’indiquant les heures du levé du soleil : 5h20 pour le lendemain.
12/05/09
Réveil à 6h00 pour profiter des ruines. L’endroit est gigantesque et un vent glacial souffle. Dès que le soleil tape et que les cars de touristes arrivent je me mets à chercher le bureau d’une compagnie de bus. Un homme m’emmène dans sa vieilles Dacia l’autre bout de la ville pour connaître les horaires de bus, nous revenons ensuite à l’hôtel prendre mon sac et repartons vers le café d’où les bus partent. Il roule vite et son téléphone portable posé sur le tableau de bord nous balance une musique très forte. Un bus très lent. Arrivé à Damas, je fais deux stations de bus avant de trouver un départ pour Souwaïda. Je m’assois près d’un homme. Il était journaliste et écrit à présent des livres sur la politique. Il me dédicace sont dernier roman. De nombreuses bases militaires sur le trajet, la frontière avec Israël n’est pas loin. Arrivés à Souwaïda, il me présente un professeur de français qui avait fait le même trajet avec j’échange quelques mots et m’offre le taxi pour rejoindre une église, seul endroit où l’on peut dormir en ville. On me dit de repasser plus tard car le curé n’est pas là. Je me dirige vers le centre ville, son souk et son unique hôtel, fermé depuis 3 ans. L’urbanisme, l’atmosphère de cette ville me questionnent sur l’intérêt de rester sur place. Je décide alors de repartir sur Damas et de ne pas entreprendre la visite de la campagne voisine. Je suis épuisé, à la station de bus, je rencontre un jeune étudiant en mécanique. Nous faisons le voyage ensemble. Arrivés sur Damas, il m’emmène dans différents minibus pour rejoindre la ville moderne. Un très bon restaurant le soir, je n’ai rien mangé de la journée. Cette ville m’apparaît familière.
13/05/09
Après une nuit sur la terrasse de mon hôtel, je rejoins la gare routière pour Homs. Comme toujours, distribution de bonbons et d’un verre d’eau peu de temps après le départ. Assis à la terrasse d’un café du centre ville de Homs, très animée par un match de football prévu dans l’après midi, j’attends Mira. Nous partons avec sa mère dans l’appartement familial dans le quartier chrétien. Je bois enfin mon premier Arak et nous déjeunons tous ensemble. Mira me propose d’occuper son appartement qu’elle n’occupe pas durant l’absence Ghislain. Quelques rencontres dans le marché aux légumes. Quelques personnes se regroupent autour de moi lorsque je commence à jongler avec des citrons pour faire rire un commerçant. Retour à l’appartement pour une bonne nuit de sommeil.
14/05/09
Sur le chemin du marché aux légumes, je rencontre un syrien qui parle très bien le français. Ancien professeur, il travaille actuellement en Arabie Saoudite en tant que comptable. Il me fait visiter son nouvel appartement en construction, nous buvons un café. De retour au marché, je retrouve quelques commerçants de la veille. Nous buvons du thé. Retour à l’appartement pour une sieste. Coup de téléphone de Mira qui me propose de les rejoindre en début de soirée dans l’appartement familial. Je décide d’explorer d’autres quartiers de la ville en essayant de me perdre un peu. Je dois souvent refuser de prendre le thé. Je suis dans un quartier populaire, beaucoup d’enfants dans les rues, certains jouent au football et m’invitent à les prendre en foto. Je m’arrête et m’assois près d’un vieil homme ouvrier tourneur. Un garçon nous apporte des Fanta. Il me faut aussi accepter une cigarette. Alors que nous discutons, les enfants se regroupent autour de nous curieux de ma présence et le vieux essaye de les chasser en les menaçant avec un bâton. Il me faut prendre un taxi pour me centre ville car je n’ai plus aucune idée de l’endroit où je suis. Repas le soir avec Mira et sa mère. Son père est à la boutique.
15/05/09
Gare routière le matin pour Alep. En visitant la citadelle, je reconnais deux touristes que j’avais aperçu à la station de bus de Palmyre. Nous décidons de prendre un verre ensemble. Finalement, nous passons la fin de journée ensemble. Rachel et Hervé se sont rencontré à Marmoussa et ont décidé de continuer la route ensemble.
16/05/09
Le souk n’est toujours pas ouvert et je décide de me lancer à la recherche d’une piscine olympique. Elle est à ciel ouvert et c’est très agréable de retrouver une activité sportive. Je m’aperçois en quittant la piscine que j’ai oublié mon guide dans le taxi qui m’a amené jusqu’ici. Petite période de flottement et puis cela m’amuse. Direction le souk et la grande mosquée. Dans une cour intérieure un homme passe au tamis de grandes quantités de curry. Il m’en prépare un petit sachet en plastique qu’il m’offre. Alors que je quitte la vieille ville je croise un couple dont la femme est complètement voilée, au passage je devine son regard et elle me dit « hi », je lui réponds poliment. Je fais quelques pas et je me retourne, son mari est en train de la disputer pour m’avoir adressé la parole. Je me rapproche d’un quartier très populaire. A nouveau de nombreux enfants dans les rues. Un homme m’invite à boire le café dans sa maison. Nous montons dans un immeuble très abîmé. Petit appartement, le frigidaire est dans le salon. Un petit gamin a le pourtour des lèvres rose comme du rouge à lèvre, il a une sucette dans la main. La conversation est difficile alors je m’amuse à interroger et à apprendre quelques mots d’anglais à la plus grande fille qui a treize ans. Tout le monde rit. De retour dans la vieille ville, je visite quelques maisons en rénovation. Passage au Sheraton puis à mon hôtel. Je ne me sens pas très bien et je décide de faire une petite sieste. Pendant mon demi -sommeil, un homme dans la rue n’arrête pas de crier « Barcelone.. ». Je m’assois en début de soirée au Baron hôtel et commande un whisky en attendant Rachel et Hervé. Rachel arrive seule. Hervé a décidé de rejoindre le Liban. Au cours de la soirée, nous décidons de partir ensemble le lendemain à St Siméon.
17/05/09
Le minibus nous dépose dans un petit village à quelques kilomètres du monastère. Nous poursuivons le chemin à pied. Un vieux pick up s’arrête et nous montons à l’arrière sur une partie du trajet. Des paysages cultivés et de nombreuses femmes travaillant dans les champs. Une seconde camionnette nous déposera au monastère. Le conducteur exige d’être payé pour le transport. Avec mes quelques mots d’arabe je lui explique qu’il n’aura rien. L’homme devient très vite agressif et je lui propose de discuter de tout cela au poste d’entrée du site afin de pour trouver un interprète. On lui donne finalement une somme ridicule pour débloquer la situation. Il repart très mécontent. Après la visite nous décidons de rejoindre quelques villages dans les environs. Nous sommes généreusement pris par des camions qui transportent d’énormes blocs de pierre et par un tracteur qui nous amène à un petit village. Les nombreux enfants nous accueillent chaleureusement et nous conduisent à une petite épicerie. Sur notre départ, ils nous lancent des petits cailloux. Retour à Alep en fin d’après midi. Dans un parc, nous faisons la rencontre Georges, très bel homme d’une soixantaine d’année. Une posture, un calme et un français parfait. Beaucoup de charme. Il est ingénieur en électronique, un enfant ingénieur à Dubaï et un autre aux USA. Sa femme est ingénieur également. Je dîne le soir avec Rachel.
18/05/09
Il est 6h00 du matin et nous sommes sur le quai de la gare d’Alep. Ce train un peu vieillot traverse une banlieue industrielle et polluée. Une épaisse fumée se mêle à une délicieuse odeur de menthe provenant des champs en contre bas. Le siffle assez souvent au début du trajet. Fenêtre ouverte, nous restons debout à regarder et à sentir les différents paysages. Gare de Lattaquié après 3h30 de rail, couleurs vives, c’est bien une station balnéaire. Un petit café avant de rejoindre la station de bus pour Tartous. Il fait très chaud et je me faufile dans la foule, les passeports à la main pour obtenir des billets. A dix kilomètres de Tartous, des coups de klaxons d’autres automobilistes alertent le chauffeur sur un problème mécanique à l’arrière du bus. Un passager me dit « fire bus ». Nous nous arrêtons sur le bord de l’autoroute et nous descendons tous. Le conducteur passe des coups de fil, il n’y pas d’ombre et il fait très chaud. Quelques minibus s’arrêtent. Rachel et moi, prenons nos bagages pour changer de moyen de transport lorsque l’on nous fait signe de remonter dans le bus. Nous parcourons 3 kilomètres pour arriver à une base de maintenance. Plusieurs mécaniciens s’affairent à l’arrière du véhicule ayant apporté plusieurs types de courroies. Nous repartons au bout de 30 minutes. Il fait encore plus chaud, l’air conditionné ne fonctionne plus. A Tartous, une chambre très propre avec deux lits et une grande terrasse. Le propriétaire, un peu joueur et très sympathique nous donne à chacun un prénom : Pascale et Jean-Philippe. Il n’hésite pas à insister sur ces nouveaux prénoms lorsqu’il s’adresse à nous. Son français est presque parfait. Enfin du poisson, la citadelle est abandonnée et la vieille ville est très sale. Dans notre déambulation, nous trouvons un quartier un peu éloigné qui nous semble plus authentique et tranquille. Sur la terrasse d’un café nous faisons connaissance avec le patron d’un restaurant en bord de mer appelé The cave. Nous finissons la soirée avec quelques verres de vin dans ce restaurant.
19/05/09
Au réveil, chacun dans son lit, nous décidons de rester ensemble encore une journée et de visiter l’île de Antarados. Traversée sur un bateau en bois. Cette île est jonchée de détritus. Nous arrêtons à plusieurs petits cafés de pêcheurs en faisant le tour de l’île. La ville intérieure est un peu plus propre. De retour à l’hôtel, nous rencontrons un autrichien que Rachel connaît de Marmoussa. Il revient du Liban et me confirme que la route entre Bcharré et Baalbek est fermée jusqu ‘à fin mai. Nous avons du mal à retrouver le vieux café de la veille. Un chauffeur de taxi nous propose de faire le tour du quartier en voiture pour nous aider. Alors que nous grignotons du fromage très salé et des olives, achetés sur notre chemin, sur la terrasse du vieux café, nous revoyons le propriétaire de The cave. Cette fois ci nous décidons d’y dîner. Le lieu est très chouette mais les très nombreux serveurs ne sont pas efficaces.
20/05/09
Nous recroisons Otto l’autrichien avant de quitter l’hôtel. Je lui échange ses livres libanaises contre une partie da monnaie syrienne qu’il me reste. J’accompagne Rachel à la station de bus pour Hama et je prends ensuite un taxi pour une autre station pour Tripoli. Finalement il me conduit à un taxi privé qui me demande 60$US pour le trajet m’expliquant qu’il doit payer lui-même des taxes pour traverser la frontière. Commence alors une longue discussion car le prix me semble un peu excessif. Plusieurs personnes dans la rue interviennent et une dame parlant parfaitement anglais nous aide à nous comprendre un peu mieux. Le prix est fixé à 40$US. Sur la route un home monte à l’arrière du véhicule avec un grand panier rempli de pizzas et de pains au zahatar. Le chauffeur et moi prenons chacun un pain. De nombreuses postes frontière à traverser. Une première taxe pour quitter le pays et puis un visa d’entrée payant pour le Liban. J’aperçois le chauffeur de taxi donnant quelques pièces à un militaire. L’homme aux pains restera à la frontière en essayant de vendre sa marchandises aux militaires. Arrivé à Tripoli non loin de mon hôtel, je casse mon billet de 100$US dans un bureau de change pour payer le taxi. Je me balade dans les rues avec beaucoup d’assurance et de plaisir. Alors que je photographie une façade avec les sofas suspendus aux fenêtres pour certainement les faire sécher, un home m’interpelle en anglais. Il est libanais et a vécu 5 ans en Australie. Il m’explique qu’il est aussi le propriétaire de l’immeuble et qu’il trouve assez surprenant et drôle ce qu’ont fait ses locataires. Il me propose de boire un café chez lui. Nous discutons une bonne heure sur la terrasse en mangeant des pâtisseries. Je retourne dans la rue. En début de soirée, je me rends dans le café où le père de Hind joue régulièrement aux échecs. Lorsqu’il m’aperçoit, il me fait un grand sourire et après un thé qu’il m’offre, je l’observe disputer quelques parties d’échecs. Il n’est pas très tard lorsque je rentre à l’hôtel. Une grande nuit de repos m’attend.
21/05/09
Avant de prendre le taxi pour Bcharré et les cèdres, je passe voir dans le vieux bar d’à côté les hommes que j’avais pris en foto lors de mon précédent passage à Tripoli. Ils me reconnaissent, me saluent chaleureusement et je fais quelques images supplémentaires. Dans le taxi, on me donne les références de la musique qui anime le voyage. La forêt des cèdres est surprenante, se dégage une atmosphère apaisante et émouvante. Je prends un peu de terre pour le cèdre qui est à Toulouse. En redescendant et après quelques tentatives de stop, une Express Renault s’arrête enfin. Ce sont des militaires qui prennent le bus pour Tripoli. De retour en ville, je découvre un autre bar et les vieux m’invitent à entrer. Je prends quelques photographies. Après un café, je m’assois à la table d’un homme avec qui nous entamons en anglais une conversation sur la politique actuelle en France. Il ne manque pas d’humour et d’autres personnes interviennent de temps en temps. De nombreuses affiches électorales de très grande taille dans la ville. Autre détail frappant, la présence massive de militaires et de check points. Devant la grande pâtisserie de Tripoli, un homme qui n’a qu’un seul bras s’occupe de la circulation. Deux femmes sont dans leur voiture avec chacune une énorme glace dans la main. La conductrice essaye de reculer sur la route d’une seule main avec l’aide de cet homme.
22/05/09
Avant de quitter Tripoli, je vais dire au revoir à mes amis du bar. A Beyrouth, il y a des militaires tous les cent mètres. Je pars pour Zahlé en américaine. A l’Adonis je bois un jus de fruits assis près d’un homme faisant des mots croisés en arabe. Je rejoins ensuite le collège oriental en taxi et trouve Rosalie dans la cour avec qui j’échange quelques mots sur la Syrie.